mardi 8 septembre 2009

Quand on arrivera ça sera la nuit

C'est presque comme partir en vacances. On se met en route de bon matin, on va rouler toute la journée.

Il y aura les pauses pour se dégourdir les jambes, le pic-nic, un peu de lassitude parfois : "Est-ce qu'on est presque arrivés ? Maman, quand on arrivera, ça sera la nuit ?" Oui.

L'idée les inquiète un peu, peut-être de savoir qu'ils dormiront à poing fermés et qu'ils la manqueront, cette arrivée. Moi, j'ai toujours aimé arriver la nuit. Ces lieux inconnus où l'on parvient à la nuit noire, soulagés, fourbus, on n'en découvre d'abord que le coeur lumineux et les figures amies qui vous y attendent. On rira demain de la disposition des lieux, de la taille de l'arbre à l'entrée du chemin, que la fatigue et l'obscurité nous ont fait voir tout autre.

Quand on arrivera, ça sera la nuit. Une nuit sans lune dont les phares de la voiture ne révèlent rien que quelques mètres d'asphalte.

Au bout du chemin, je verrai pour la première fois la masse noire de la maison. Demain sera bien assez tôt pour m'émerveiller de ses murs de pierres, ses chambres claires, du potager et du cerisier qui croule de perles rouges, des champs au soleil. Pour ce soir il y aura deux arches de lumière douce dans la façade noire et ses bras ouverts pour nous accueillir. Ses grands bras qu'il refermera enfin sur nous comme il clôt la porte de notre maison.