Comme autrefois, j'ai repris mon sac et suis montée dans ce train qui m'emmène à l'autre bout du pays. Comme autrefois il y avait sur le quai de la gare, un amoureux un peu anxieux et pourtant sûr de mon retour. Mais cette fois, il tenait les mains d'une petite fille interdite et d'un petit garçon en larmes et j'ai douté, de ce voyage, de ces bonnes raisons.
Et puis le balancement des rails et la morne plaine du Rhône ont eu raison de ces vaines questions. J'ai dormi.
Changement de gare, à Paris et comme autrefois, les couloirs du métro au galop, chargée comme une petite mule, ne pas relâcher la concentration avant d'avoir atteint, suant et soufflant, la seconde gare. Comme autrefois, toujours, s'écrouler dans le train suivant, croquer une pomme et reprendre le somme interrompu, plus sereine.
Entre deux somnolences, surgissent des bosquets givrés, irréels dans le soleil qui perce le brouillard. Dans un champ où une petite neige transparaît encore sous les feuilles vertes, trois biches, que la vitesse du train fige.
Comme autrefois, j'arrive dans une ville inconnue. Mais cette fois il n'y a pas d'hôtel. J'envahis de mes sacs et de mon bavardage un hôte doux et réservé qui me fait une place dans son logis, dans ses habitudes.
Au matin, je cavale, encore, soucieuse d'arriver à l'heure pour ce premier jour. A peine entrée je retrouve les sensations, les odeurs, les visages. Hier j'étais "accueillie", aujourd'hui c'est moi qui "accueille" mais les mêmes gestes reviennent, les questions rituelles. Je reprends avec délice le jargon du plateau. Pour quinze jours, juste quinze petits jours, goûter à nouveau au théâtre.
On jouera Shakespeare. Je passe ma première journée à défroisser, l'esprit léger, les fins volants de baptiste qui ornent les cols et les poignets d'une soixantaine de chemises. En guise de dessert, je tuyaute quelques fraises...
Jolies impressions d'une maman sur les routes et dans les coulisses.
RépondreSupprimerPatience pour les remuons…
ohhhhhhhhhh dis dis dis tu t'arrêterais pas 2 minutes entre 2 gares au retour? les remuons pourraient patienter tu crois??? j'aime bien croiser le gabian moi...
RépondreSupprimeramuse toi bien (enfin... bosse bien ^^") et te choppe pas une creve hein??!!
bisous mdspref' :p
pleins de joies et de bonheurs à faire ce que tu aimes tant. Les remuons serons heureux de te retrouver.
RépondreSupprimerMa belle Gabian, ça vaut la peine de sucrer quelques fraises givrées, à la poursuite du poète de Strattford, pour un dernier "Winter Tales", peut-être, mais un dernier quand même...
RépondreSupprimerEncore une belle année à toi..!
et tu ne devineras pas, le captcha, c'est: "bustes", si, si...!
@Cécile et Moukmouk : les remuons patientent et je me suis dit que gâcher si belle occasion par de la culpabilité ne changerait rien au problème... N'empêche qu'ils me manquent à moi aussi :-)
RépondreSupprimer@Anthalie tu peux m'attendre à Montparnasse et on fait le trajet en métro ensemble ! ;-P
@Vieil Anar Shame on me ! Je n'ai même pas lu Winter Tales...
J'adore ces captchas :-)
@ Gabian, dommage de n'avoir pas lu "Winter tales", mais peut-être que dans ces 15 jours tu peux te rattrapper, même en français, c'est surement une des pièces de Shakespeare les plus intéressantes sur le plan dramaturgique.
RépondreSupprimerD'après mes souvenirs, elle a été jouée, pour la première fois vers 1610-1611, date de l'assassinnat de Henri IV, ce qui ne nous rajeunit pas et c'est là qu'apparaissent pour la 1ère fois en littérature les mots "clown",(nom du fils du berger..etc, etc...!) et "dildo", vocable érotique, peut-être utilisé plus tôt chez Ben Johnson... Voili-voilou.
P.S: Comment fait-on pour tuyauter des fraises...!!?
Mazette que tout cela est joliment dit…
RépondreSupprimerQuelle idée de penser à culpabiliser !
RépondreSupprimerC'est pas comme si tu prenais du plaisir, tu bosses ;-D
@Vieil Anar : merci pour ce précieux détails, je vais tâcher de mettre la main sur une édition plus ou moins bilingue. Ce soir, je me suis tapée Coriolan dans les retours-loge (hmmm, cette tournure de phrase risque d'être interprétée bizarrement...) et ben j'ai pas tout bien compris, va falloir que j'aille y voir de plus près.
RépondreSupprimer@Fajua ça me fait plaisir de te voir par ici :-) Moi je vais te voir en cachette, muette !
@Christine la culpabilité ? mais même pas j'ai besoin d'y penser, c'est en mode automatique chez moi ! Nan, c'est pour déculpabiliser que j'ai besoin de me concentrer...
Ah oui, Vieil Anar, on ne fabrique plus, depuis belle lurette, de fers à gaufrer les fraises donc on se débrouille avec un bête fer à repasser et les doigts brûlés...
RépondreSupprimerBonjour, mon beau Gabian voyageur, nostalgique de "remuons" inconsolables,(pour 15 jours!), je vois que ce séjour en Shakespearie est riche en enseignements. Bien sur, Coriolan, ça n'est pas la plus facile, c'est très politique et si on se donne la peine de transposer, encore très actuel..!
RépondreSupprimerPour le fer à gaufrer les fraises...(j'adore!), ça ressemble à quoi..., peut-être à un beau gros "dildo" chauffant, non...l'ancêtre du sex-toy, en quelque sorte, quoique Shakespeare connaissait déjà, enfin, pas chauffant, mais quand même, ...il paraît même qu'on en aurait retrouvé dans la tombe de Nefertari, la plus belle de la vallée des reines...! Alors!... Bon, je sors *mouarf*
C'est quand on est givré qu'on à pas une tête à sucrer les fraises...
RépondreSupprimerJe me gaufre ?
@Yelrah C'est tutafé ça, point ne te gauffres, mon cher !
RépondreSupprimerBen alors, on n'en sait pas plus sur Coriolan: "la démocratie est elle le pire des régimes à l'exception de tous les autres?", "en dehors des tribuns démagogues, le peuple peut-il espérer avoir droit à la parole ?". Voilà, on ne sait toujours rien là-dessus, moi je pensais que toi et Shakespeare, vous nous auriez aidé, eh ben, que dale...
RépondreSupprimerC'est quand que tu deviens romancière?
RépondreSupprimerShakespeare...j'ai envie de Shakespeare ces jours, ce doit être ton influence.
@Cath
RépondreSupprimerLes romans ça doit être comme le tricot. En soit c'est rigolo mais aller au bout c'est une autre histoire !
Et puis Shakespeare, c'est juste que c'est drôlement bien, Shakespeare :-)