Aujourd'hui chez Traou on parlait de mer, de vagues, d'embruns, de marées. Dans un état proche de l'évaporation, nous devions tous rêver de posséder ces bracelets de froidure, rares et précieux talismans pour lesquels nous aurions allègrement vendu nos âmes surchauffées.
De commentaires en réponses on en est venu à évoquer des robes d'eau verte et des costumes d'écume dignes de Peau d'Âne.
Peau d'Âne... Je me demande si tout n'est pas parti de là, de mon conte de fées préféré.
Imaginez un instant ce que pourrait ressentir un tailleur qui aurait le pouvoir de dérouler quelques mètres de rayons de soleil pour en faire un jupon. De tailler dans un voile de pluie ou de carder quelques nuages pour en parer une princesse endormie.
*Soupir* Moi je l'imagine très bien...
Quand j'était petite, je passais toutes mes vacances d'été à la montagne. Mon frère et ma soeur étant bien plus âgés que moi, je me retrouvais souvent seule avec mes parents et j'avoue que les ballades (qui me manquent cruellement aujourd'hui) m'ennuyaient un peu. Pour me distraire j'imaginais des costumes taillés dans les matière que je rencontrais en chemin.
Je rêvais de jupes faites avec des cascades, d'étoffes aux reflets laiteux et irisés des eaux de glacier, de chauds manteaux de mélèze. Je voulais habiller de tout petits êtres avec les cloches des campanules, leur faire des cols médicis avec des ombelles ou des fleurs de sureau. Je voulais faire des trucs avec des cailloux, des champignons, des prés entiers, des feuillages de hêtre au printemps ou en automne.
Par extension il y eut des envie de robes-citrouilles, de nuisettes en coquelicot, de choses ondoyantes comme des champs sous le vent. Mais mon ambition la plus tenace était de cueillir la corolle d'un feu d'artifice (vous savez, ceux qui retombent en minuscules éteincelles vieil or sur fond de nuit noire) et d'en faire une crinoline pour la Dame aux Camélias, incarnée par Greta Garbo, rien de moins !
Un jour j'ai eu la chance de pouvoir essayer avec le fil et l'aiguille ce que la fée des Lilas avait fait d'un coup de baguette. Les trois robes de Peau d'Âne ! La robe couleur de soleil, la robe couleur de lune et la robe couleur du temps (dans le désordre). Je me suis amusée comme une folle, j'ai écumé le souk de Marrakech de fond en comble pour trouver le soleil et la lune et j'ai recrépis un atelier avec de la peinture sur soie pour obtenir quelques nuages dans un ciel radieux, une averse orageuse et un lever de soleil au bas de la robe couleur du temps.
Aujourd'hui une fée bretonne a prononcé les mots magiques qui ont ouvert la porte des souvenirs...
whaohouuuu
RépondreSupprimerPas une seconde j'ai hésité à la vue de ton crobard.
UNE ROBE COULEUR DE TEMPS !!!!!
C'est chouette la passion.
Ces jours ci, je pense à toi car je m'apprête à reproduire une robe simple et sans chichi que j'affectionne.
Ce sera plutôt une robe pour jeune femme pas vaiment faë qui attend à la lisière de faërie d'en capter quelques manifestations joyeuses, d'un oeil attendri en préparant quelques sablés doux.
Il est beau ce billet.
RépondreSupprimerOui une nuisette en coquelicot, je veux bien !
J'ai toujours rêvé aussi de ces robes. Je rêve de trouver celui, ou celle, qui saurait en tailler une pour moi.
RépondreSupprimerJ'ai rêvé un jour de porter une robe couleur de nostalgie.
Et je suis bien heureuse de découvrir ton blog.
ça me rappelle ce conte russe avec la princesse Vassilissa et l'enchanteur kolchek, où la belle princesse (transformée en grenouille le jour) accroche des étoiles sur sa robe pour la faire scintiller et y incorpore le vent, le bruit du ruisseau, etc.
RépondreSupprimerje reviendrai.