Aujourd'hui, sortons un instant de l'atelier.
Samedi après-midi, balade organisée comme une expédition en Himalaya : le goûter est emballé dans le sac à langer, placé dans le filet de la "Roll's" à deux place des Petitous, le sac à jeux contenant les indispensables seau et pelle (qui ne serviront pas, bien entendu), le "balablalabl" (tranduisez : ballon), un ustensile à faire des bulles (que j'évite de sortir également car particulièrement disputogène). Puis, maman chargée comme une petite mule a pris les commandes de la Roll's pour libérer les cervicales de papa, qui arborait son torticoli sauvage comme un ruban de la légion d'honneur (càd, l'air plutôt raide et compassé) et départ pour la Terre Promise, le petit coin de Paradis, l'Eden montpelliérain : le Jardin des Plantes.
Si j'en crois la vêture de la statue du Sieur Richer de Belleval, fondateur de l'endroit, le Jardin a dû voir le jour quelque part au XVIe siècle ou sa très proche banlieue. De janvier à décembre, j'ai pris l'habitude d'arpenter ce lieu depuis les premières sortie de ma double descendance. Un fouilli végétal, fleuri, aux antipodes du jardin à la française tiré au cordeau (que je déteste!), une absence notable de canidés, en toute saison s'y déroule un championnat tacite d'échec sur pelouses interdites. Trois catégories d'équipes surentraînées (lycéens, étudiants, jeunes mères avec petitous et poussettes) doivent occuper un maximum de pelouses avant que des gardiens d'une patience d'anges, viennent avec une constante bonhommie prier aimablement les concurrents d'aller occuper les espaces réservés au farniente derrière les rocailles et la section des cactus. Ces espaces accueillent donc régulièrement des stages de bronzage, des colloques de maternité alternative et des réunions de travail pré-examinatoires où flotte constemment une étrange odeur de "Calumet du Botaniste Hilare".
On déambule donc par des chemins sablonneux du bosquet de feuillus aux jacinthes bleues à la bambouseraie, comptant les essences rares et les fleurs étranges jusqu'au centre du Jardin : l'étang aux nénuphare, ses carpes coï(?), ses tortues, et plus tard dans la saison, ses élégantes fleurs de lotus. Mais le clou, le phare, l'attraction principale réside dans une petite mare verdâtre où un massif de papyrus et un d'iris d'eau abritent une impressionnante colonie de batraciens mordorés qui, à une heure précise connue d'eux seuls, se mettent à coasser à gorge déployée. Cette mare à l'incontestable avantage d'être à portée de main de ces petits êtres trottinants et vacillants qu'il faut bien maintenant se résoudre à appeler enfants et non plus bébés. Cette oasis stagnante aux algues vert vif est donc constament cernée de mamans hystériques, tentant vainement d'empêcher des marmousets hilares de se tremper jusqu'aux coudes dans la vase et les tétards. Après d'infructueuses négociations on pense contourner le problème en proposant de patouiller à l'aide d'un petit bâton qui tombera rapidement à l'eau, sera saisi dans le mauvais sens, plein d'algues et mâchonné dans le pire des cas.
Quelques bananes au sable plus tard, on rentera en se disant qu'on pensera à leur laver les main en arrivant, en faisant semblant de ne pas voir qu'ils se les suçottent déjà abondamment, qu'ils sont heureux d'avoir rencontré des grenouilles pour la première fois, qu'ils ont couru dans tous les sens et que ce soir ils auront peut-être sommeil...
Demain est un lundi férié, le jardin sera fermé, il pleuvra, on jouera aux lions en cage à la maison.
Koï, la carpe !
RépondreSupprimerC'est bien, une garde-robe dévalisée signifie qu'elle est toujours drôlement dans le vent!
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