mercredi 10 mai 2006

Particules élémentaires


Ou de la difficulté de photographier des remuons avec un appareil numérique.

Le remuon est une particule élémentaire, au même titre que le proton, le neutron, le gluon et l'électron.
Les spécialistes du CERN qui transpirent depuis des années sur le portrait de l'électron de base, la photo d'identité du neutron et le portrait en pied de la fission de l'atome, refusent catégoriquement de se pencher sur la question tant elle est délicate et tant ils ont déjà d'autres chats à fouetter.

Cependant, à l'instar de certains passionnés d'éclipses qui parcourent le monde à la poursuite de ces croissants noirs, certains scientifiques amateurs consacrent tous leurs loisirs à traquer ce mythique remuon. Comme ces astres découverts par calcul que l'oeil humain n'a jamais aperçu.

Ici un résultat exclusif de ces recherches harassantes mais ô combien fascinantes, un document exceptionnel sur lequel on aperçoit la silhouette d'un fragment de remuon. Un spécimen très particulier orange et rose.

mardi 9 mai 2006

Teintures

Dans ce métier, un de mes grands plaisir est la teinture.

On commence par un échantillonnage où l'on saupoudre, rajoute, mesure, mélange. Deux pointes de cuiller de "bois de rose" pour une de "terracotta", on trempe un carré de lin. Trop "brique".
On recommence en rajoutant une larme de "bordeaux". Le "sang-de-boeuf" recherché émerge du mug recyclé en palette d'essai.

Ne disposant pas de l'installation ni du lieu adéquat pour brasser de la couleur, je suis obligée d'avoir recours à la teinture en machine. Refaire le mélange avec mes petites boîtes, rajouter la cuillère à soupe nécessaire de "bordeaux" et attendre la surprise avec des papillons dans le ventre. La machine ne disposant pas de hublot, je trépigne alors pendant une heure et demie pour découvrir le résultat définitif.



Mais même sans mélange, en noir de suie de base, je trépigne toujous d'impatience devant la machine. J'ADORE FAIRE DE LA TEINTURE !!!

Le programme du mois de mai









Vite vite, avant de redisparaître derrière la machine. Le programme du mois, du sur-mesure, du sur-mesure et encore du sur-mesure !

En vrac et dans le désordre :

- Un froissé brodé de lignes et pailleté, pour une robe boule et une tunique pour Lizoo, mon amie bouclée

- Du lin crème, du lin vert mousse, du lin teint en rouge "sang de boeuf" pour des chemises, encore des chemises

- De la laine bouillie noire pour une cape. Une matière formidable à travailler, qui permet des coupes franches, des effets de coutures apparentes, mais dont le nom m'évoque immanquablement un noir moyen-âge, une contrée pluvieuse où le serf, les sabots lourds de boue se nourrit de chou bouilli, de gruau bouilli, de couenne de lard bouilli pour les jours de fête, de navets bouillis, de pain bouilli, dort dans de la paille humide et... non j'arrête.

-Viendra encore une robe vert mousse aux perles bronzes, un costume Louis le Quatorzième (troisième période, la pire étant la seconde) et la transformation d'une robe de mariée de soie pourpre en robe redingote très Marie-Antoinette.


Promis, vous aurez droit au résultat...

Ce qu'on a fait ce week-end avant qu'il pleuve...

Aujourd'hui, sortons un instant de l'atelier.

Samedi après-midi, balade organisée comme une expédition en Himalaya : le goûter est emballé dans le sac à langer, placé dans le filet de la "Roll's" à deux place des Petitous, le sac à jeux contenant les indispensables seau et pelle (qui ne serviront pas, bien entendu), le "balablalabl" (tranduisez : ballon), un ustensile à faire des bulles (que j'évite de sortir également car particulièrement disputogène). Puis, maman chargée comme une petite mule a pris les commandes de la Roll's pour libérer les cervicales de papa, qui arborait son torticoli sauvage comme un ruban de la légion d'honneur (càd, l'air plutôt raide et compassé) et départ pour la Terre Promise, le petit coin de Paradis, l'Eden montpelliérain : le Jardin des Plantes.

Si j'en crois la vêture de la statue du Sieur Richer de Belleval, fondateur de l'endroit, le Jardin a dû voir le jour quelque part au XVIe siècle ou sa très proche banlieue. De janvier à décembre, j'ai pris l'habitude d'arpenter ce lieu depuis les premières sortie de ma double descendance. Un fouilli végétal, fleuri, aux antipodes du jardin à la française tiré au cordeau (que je déteste!), une absence notable de canidés, en toute saison s'y déroule un championnat tacite d'échec sur pelouses interdites. Trois catégories d'équipes surentraînées (lycéens, étudiants, jeunes mères avec petitous et poussettes) doivent occuper un maximum de pelouses avant que des gardiens d'une patience d'anges, viennent avec une constante bonhommie prier aimablement les concurrents d'aller occuper les espaces réservés au farniente derrière les rocailles et la section des cactus. Ces espaces accueillent donc régulièrement des stages de bronzage, des colloques de maternité alternative et des réunions de travail pré-examinatoires où flotte constemment une étrange odeur de "Calumet du Botaniste Hilare".

On déambule donc par des chemins sablonneux du bosquet de feuillus aux jacinthes bleues à la bambouseraie, comptant les essences rares et les fleurs étranges jusqu'au centre du Jardin : l'étang aux nénuphare, ses carpes coï(?), ses tortues, et plus tard dans la saison, ses élégantes fleurs de lotus. Mais le clou, le phare, l'attraction principale réside dans une petite mare verdâtre où un massif de papyrus et un d'iris d'eau abritent une impressionnante colonie de batraciens mordorés qui, à une heure précise connue d'eux seuls, se mettent à coasser à gorge déployée. Cette mare à l'incontestable avantage d'être à portée de main de ces petits êtres trottinants et vacillants qu'il faut bien maintenant se résoudre à appeler enfants et non plus bébés. Cette oasis stagnante aux algues vert vif est donc constament cernée de mamans hystériques, tentant vainement d'empêcher des marmousets hilares de se tremper jusqu'aux coudes dans la vase et les tétards. Après d'infructueuses négociations on pense contourner le problème en proposant de patouiller à l'aide d'un petit bâton qui tombera rapidement à l'eau, sera saisi dans le mauvais sens, plein d'algues et mâchonné dans le pire des cas.



Quelques bananes au sable plus tard, on rentera en se disant qu'on pensera à leur laver les main en arrivant, en faisant semblant de ne pas voir qu'ils se les suçottent déjà abondamment, qu'ils sont heureux d'avoir rencontré des grenouilles pour la première fois, qu'ils ont couru dans tous les sens et que ce soir ils auront peut-être sommeil...

Demain est un lundi férié, le jardin sera fermé, il pleuvra, on jouera aux lions en cage à la maison.

jeudi 4 mai 2006

Celle qui avait disparu...


Alors, par où commencer ?

J'ai abandonné ce blog dans un coin de l'atelier depuis des semaines pour disparaître derrière une machine à coudre et ce afin de préparer ma première sortie dans le grand monde avec ma petite boutique portative...
C'est donc avec un stock ridiculement modeste, 2 mannequins, une machine à coudre, un paravent rafistolé, une pile de cartes de visite, un ordinateur portable, une jeannette, un fer à repasser, deux roudoudoux, un mari et beaucoup de foutoir annexe, le tout entassé, empaqueté, empilé, ficelé dans et sur un berlingot rouge pompiers, que nous sommes partis pour la grande aventure à St Etienne...

Photo à l'appui, vous constaterez l'espace riant et chaleureux qui a accueilli la première sortie de ma petite entreprise dans le vaste monde. Avant de continuer à dire des horreurs, je salue quand même la bonne humeur, la gentillesse et l'efficacité des membres de l'associsation des Nocturnes Foréziennes qui organisaient ce Salon de l'Imaginaire. En fait, une vaste convention de jeux de rôle sur table, figurines, jeux divers, Magic et un tout petit peu de jeu de rôle grandeur nature.

J'ai donc passé mon week-end dans une manière de hall de gare glacial, poussiéreux, entourée d'êtres (qu'on m'a assurés humains) aspergiformes, endivocolore, post-acnéiques, imperméables au monde qui les entoure, portant de petites malettes d'où ils tirent des liasses de cartes mystérieuses, des sacs de dés ou de petites figurines peintes avec une précision de fourmi. Ils déambulaient gravement, ignorant superbement le petit stand où je me morfondais, assemblant mélancoliquement une chemise pendant que ma progéniture et mon tendre Jules gambadaient allègrement dans la campagne voisine et printanière.

J'ai l'air de rouscailler, comme ça mais c'était l'occasion d'un galop d'essai fort intéressant, de revoir des amis lyonnais, de constater que mes faux pantalons japonnais ont un succès fou auprès de mes camarades mâles et que ma robe aux épaules perlée est une bonne idée. De jolies rencontres aussi avec une écrivain au visage de fée espiègle qui cherchait ses livres, des gens qu'on croyait connaître et qu'on redécouvre, un gâteau phénoménal nommé "Queen Elisabeth" (dattes, beurre, sucre, beurre, de la farine probablement, beurre, d'autres trucs, beurre...), deux ou trois soirées de rires, de jeux et de souvenirs au coin du feu et une demi-journée dans un petit coin de paradis en fleur, au bord de la Loire...

Merci :-)